Le Cloud Computing, une révolution en marche ?
Ces dernières années, l’utilisation du Cloud Computing s’est généralisée sur la place financière luxembourgeoise – transformant la manière dont les entreprises opèrent et interagissent avec leurs clients.
Jacques Ruckert, Chief Solutions and Innovation Officer chez Proximus Luxembourg, nous éclaire sur les avantages et les enjeux de ce modèle.
Les banques sont de plus en plus nombreuses à céder aux sirènes du cloud. Qu’est-ce qui les pousse à s’y intéresser ?
Il est vrai que, depuis un certain temps, bon nombre de banques s’intéressent au cloud. Gérer l’informatique interne devient de plus en plus complexe au vu du nombre de technologies impliquées… Engager une masse critique d’experts capables de garantir la résilience, la performance et la conformité d’un système informatique peut s’avérer extrêmement coûteux. C’est là que le cloud présente de nombreux avantages ! Les banques peuvent notamment décupler leurs capacités de calcul et de stockage sur des serveurs à distance, sans s’inquiéter des coûts d’infrastructure ou de la maintenance. Encore faut-il choisir le bon type de cloud en fonction des plateformes, des applications et de la criticité des données.
Justement, parmi les différents types de cloud – le cloud public, le cloud privé, le cloud hybride et le multi cloud -, lequel choisir selon quelle stratégie de déploiement ?
Il n’y pas de réponse uniforme dans la mesure où il faut d’abord analyser « l’existant » – plateformes, applications et criticité des données en interne. Il est également indispensable de prendre en compte les objectifs business de la banque et de décliner une stratégie cloud appropriée, en accord avec l’environnement réglementaire.
Une réflexion qui débouche, la plupart du temps, sur une stratégie de cloud hybride. Par exemple, certaines applications seront hébergées sur du cloud public, tandis que d’autres seront dans un cloud privé régulé, en fonction des coûts, des réglementations à respecter et de la criticité des données. À titre d’exemple, beaucoup de banques préfèrent encore héberger leur « core banking system » sur un cloud privé alors que d’autres applications, moins critiques, pourront être hébergées sur le cloud public.
Si la migration vers le cloud présente de nombreux avantages, elle comporte également des risques. Comment accompagner les entreprises sur les questions de cybersécurité ?
Je dirais que le risque lié à la cybersécurité n’est pas le principal élément sur lequel il faut s’inquiéter si l’on décide de migrer – partiellement ou totalement – vers le cloud public, bien au contraire ! Les grandes sociétés cloud de type « hyperscaler » disposent de moyens colossaux dans le domaine de la cybersécurité et n’ont pas d’égal. En général, le risque de cybersécurité est moindre dans un cloud public, ou même privé – à condition, bien-sûr, de se faire accompagner par des experts dans la configuration appropriée des ressources cloud.
En revanche, il est important de rester très vigilant sur un point : il ne faut pas être trop lié à un cloud provider spécifique car il est difficile d’en sortir après – que ce soit pour des raisons de dépassement des coûts budgétés, de changement législatif ou tout simplement de stratégie. Il faut donc toujours préparer un ‘exit strategy’ avant de commencer une migration vers le cloud.
Le risque se trouve donc plutôt dans une problématique de « lock-in » que dans une problématique de cybersécurité.
Un dernier mot sur l’évolution de l’utilisation du cloud dans les années à venir ?
Le cloud devient de plus en plus un outil incontournable dans la bonne gestion informatique des entreprises régulées ou non régulées. Par contre, au vu de certains risques du cloud public – tels qu’un problème d’exit ou un cadre légal changeant – mais aussi au vu des récentes crises géopolitiques à travers le monde, il est important de faire le bon choix entre cloud public, cloud privé et cloud souverain.
Bonne nouvelle : l’éventail des solutions cloud ne cesse de s’élargir et, avec les conseils adaptés, chaque banque finit par atterrir dans le cloud qui lui est plus approprié, lui permettant notamment de se concentrer sur son core business et déléguer les « commodités » à des sociétés spécialisées en la matière, tout en bénéficiant d’économies d’échelle.
Il ne faut pas non plus oublier les fonctionnalités très avancées disponibles dans le cloud, telles que l’IA, les bases de données managées et des outils d’analyse de données, pour n’en nommer que quelques-unes.