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Le digital, outil de transformation par excellence

Auteur : Michael Renotte
18/01/2018
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Le digital, outil de transformation par excellence

 

La transformation digitale est en marche et représente un remarquable levier de croissance pour les entreprises. Vous qui accompagnez ces entreprises dans leur projet de transformation ICT, quelle analyse portez-vous sur cette (r)évolution ?

Je pense que nous entrons de plein pied dans l’ère de l’industrialisation des services. Les secteurs de la finance, de l'assurance, du commerce, et même le secteur public, vont connaître une révolution industrielle comparable à celle vécue en son temps par le secteur manufacturier. Cette transformation s'est opérée par une spécialisation des activités, lesquelles ont donné lieu à des sous-traitances ponctuelles constituées d’acteurs porteurs de valeurs différenciantes et complémentaires. Le secteur financier vivra à terme les mêmes changements que l’industrie automobile qui, de nos jours, sous-traite à plusieurs échelles et en cascade. Aujourd'hui, l'écosystème des services s'industrialise et par là, gagne en efficacité, la mutation étant facilitée par la transformation digitale qui joue un rôle comparable à celui de la machine à vapeur pour l’industrie manufacturière. Le digital, c’est vraiment l’outil de transformation par excellence.

 

A quels nouveaux défis doivent alors répondre les entreprises ?

La transformation digitale est une énorme lame de fond qui est loin d'avoir atteint toute son amplitude. Elle pose ainsi aux entreprises une série de défis dont le moindre n'est pas celui des compétences. Où trouver des professionnels formés ? Comment former efficacement son personnel à des outils et à des technologies numériques qui évoluent à un rythme effréné ? Au-delà du défi majeur posé par la rareté des talents, la transformation digitale en entraîne d'autres, moins prioritaires mais néanmoins incontournables, d'ordre réglementaire notamment: conformité et gestion des risques vont de pair avec l’industrialisation des services, qui implique aussi une anonymisation des traitements et une multiplication des processus, lesquels doivent trouver leur place dans un cadre réglementaire. D’autres encore relèvent des modèles de financement, comme le débat entre les modes CAPEX et OPEX. Enfin, un ultime défi, d'une toute autre ampleur, attend les acteurs de la nouvelle révolution industrielle. La transformation digitale implique en effet une internationalisation des entreprises, car la spécialisation qui en découle entraîne immanquablement une redistribution géographique des activités. Ainsi demain, Luxembourg, Londres et Francfort, bien qu'étant toutes trois des places financières, auront développé leur propre spécialisation.

 

Comment les services managés peuvent-ils aider les entreprises à atteindre leurs objectifs commerciaux et financiers ?

C'est une question qui met en équation coût, qualité, innovation et développement. Les entreprises peuvent tirer parti des services managés pour réduire leurs coûts en déléguant une part de leurs activités à des sous-traitants spécialisés, ce qui leur permet en même temps de concentrer leurs efforts sur l’innovation et le développement de nouveaux produits et services.

 

L'économie numérique peut bénéficier à l'ensemble des acteurs de l'économie: les producteurs et les fournisseurs de services pour lesquels la transformation digitale est un vecteur de croissance, ainsi que les clients qui ont accès plus rapidement à une information plus pertinente. Le Luxembourg est-il une terre fertile pour les entrepreneurs digitaux ?

Le Luxembourg a de solides avantages à faire valoir auprès des entrepreneurs du numérique qui veulent y développer leurs opérations. A la base, le pays s'est doté d'infrastructures de communications de très grande qualité, d'un tissu de data centres de haut niveau et d'une excellente connectivité avec les grands centres européens. Le Luxembourg bénéficie ensuite d'un contexte légal et réglementaire favorable qui le place en bonne position parmi les pays industrialisés. Les coûts de production y sont compétitifs, avec des charges sociales et fiscales raisonnables. Le cadre réglementaire qui entoure les services ICT, particulièrement vis-à-vis du secteur financier, prévoit des dispositifs spécifiques pour la continuité des opérations, la protection des données, ou encore le traitement réservé aux données en cas de faillite d'un fournisseur de services d'hébergement. Cet environnement législatif participe aussi au maintien d'une économie compétitive. Par ailleurs, malgré les difficultés rencontrées pour recruter des professionnels formés, le Luxembourg reste attractif pour les talents étrangers, ce qui est un élément positif. Enfin, le Grand-Duché a déployé un ensemble d'instruments destinés à supporter le développement des start-ups qui sont, ici comme ailleurs dans le monde, des vecteurs de croissance, non seulement à travers la mise en place d'incubateurs mais aussi par le développement de réseaux de partenaires technologiques, industriels ou commerciaux, la création d'outils de financement publics et privés, ou d'aide à la protection de la propriété intellectuelle.

 

Quels atouts le Luxembourg peut-il mettre en avant quand il s'agit de convaincre une entreprise de confier la gestion de ses moyens de production et ses avoirs les plus précieux – ses données – à un prestataire de services externe ?

Par rapport à une tendance mondiale qui va dans le sens d'un renforcement, le Luxembourg à une longueur d'avance en matière de protection des données, de gestion des risques ou encore de respect des règles de conformité (matières en débat actuellement dans différentes enceintes). Ainsi, l'Union Européenne est sur le point de légiférer sur la protection des données et la Commission présentera en mai 2015 un projet de marché unique européen pour le numérique. 

Le Luxembourg s'est doté d'un cadre réglementaire national exigeant qui a pour conséquence que nos entreprises ont une longueur d’avance sur les places concurrentes. Ce cadre a également permis de hisser nos compétences et la qualité de nos services au niveau des meilleurs standards internationaux. Même si la fiscalité, à l'échelle européenne, tend vers une forme d'harmonisation, des entreprises étrangères continuent à affluer vers le Luxembourg. Il est donc tout à fait légitime de souligner qu'en ces matières, nous sommes plus performants dans un contexte international. Le défi, c’est de le rester.

 

Vous êtes aujourd'hui le président d'ICTluxembourg, la nouvelle plateforme de coordination des entreprises ICT luxembourgeoises. Quels avantages les entreprises en général – et les clients de sociétés comme Telindus en particulier – peuvent-elles en attendre ?

Les entreprises luxembourgeoises du secteur des technologies de l'information se sont rassemblées sous le toit d'ICTluxembourg qui fédère différentes organisations préexistant à l'ère digitale – l’APSI, la FDI, l’EuroCloud, l’APSFS, l’ABBL, la Fedil-ICT asbl, l’OPAL (Fédération des Opérateurs alternatifs du Luxembourg) et l’AAC (l’Association des Antennes Collectives), soit 8 fédérations aujourd’hui. L'objectif principal de ce regroupement des forces au sein d'ICTluxembourg est d’influer sur l'évolution du cadre législatif, réglementaire et fiscal relatif à l'ICT parce que notre secteur est l'un des plus impactés par ces enjeux. L’Etat est omniprésent dans la vie économique - les opérateurs télécom comme la place financière sont régulés - et il faut donc être fort pour formuler des propositions non seulement au niveau du gouvernement luxembourgeois mais aussi vis-à-vis des institutions européennes et internationales.

Dans un monde de plus en plus compétitif, le Luxembourg, s'il veut éviter que son avance réglementaire ne s’érode, doit innover et développer de nouvelles initiatives dans des domaines tels que la cybersécurité ou le Big Data, par exemple. Ces initiatives demandent à être régulées de manière à ménager des avantages de souveraineté. Il ne s'agit pas ici de mettre en place des mesures protectionnistes, mais d'anticiper des tendances internationales.

Au-delà de l'élaboration d'un cadre réglementaire dont bénéficie l’écosystème dans son ensemble, y compris nos clients, le second but visé par ICTluxembourg est la promotion du Luxembourg à l’étranger. Une dimension dont les entreprises vont également tirer parti. ICTluxembourg est le pendant privé du gouvernement, lequel détient le leadership en matière de réglementation comme de promotion du pays. Les principes de transparence et d'efficacité sous-jacents à la transformation digitale des entreprises sont aussi applicables à la gouvernance et, aujourd'hui, le Luxembourg devient plus lisible. Ces principes sont appelés à prendre une importance accrue, maintenant que nous sortons de la crise financière et que nous renouons avec la croissance, laquelle sera d'autant plus forte dans notre secteur d'activité.

 

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